10 de diciembre de 2009

Climat: les enjeux du sommet de Copenhague Retour accueil du dossier

Comment sauver la forêt pour protéger le climat

Faut-il indemniser les pays qui freinent la déforestation ? Beau sujet de débat, hier, à Copenhague. L'économiste Alain Karsenty suggère plutôt de s'attaquer aux causes.
Où déforeste-t-on le plus et pourquoi ?
Au Brésil, pour faire de l'élevage extensif et cultiver du soja, exporté pour l'alimentation du bétail. En Indonésie, où les plantations de palmiers à huile remplacent la forêt. En Afrique, c'est l'agriculture familiale sur brûlis qui est en cause. Au total, selon la FAO, 13 millions d'hectares ont disparu chaque année, entre 2000 et 2005. L'équivalent de trente-huit terrains de football par minute.

Dans le même temps, on replante...
Environ 5,7 millions d'hectares par an. Mais il n'y a pas de symétrie entre le déboisement et le reboisement avec des essences « industrielles » à croissance rapide (acacia mangium pour la pâte à papier, eucalyptus, hévéa...). Les quelques replantations de mangrove sont marginales. De plus, la déforestation tropicale a des effets dévastateurs sur la biodiversité.


Et sur les émissions de gaz à effet de serre ?
La déforestation contribuerait à hauteur de 12 à 15 % des émissions annuelles de CO2, soit environ 5 milliards de tonnes. Mais avec une marge d'incertitude qui va de 8 à 20 %.
Freiner la déforestation. On en débattait, hier, à Copenhague. Sur quelles bases ?

Principal dispositif : REDD ou « déforestation évitée » en français. Son principe ? Rémunérer les pays qui freinent le recul de leurs forêts par rapport à une période de référence donnée. Soit par un mécanisme de marché : les bons élèves seraient récompensés par des crédits-carbone. Ils pourraient ensuite les monnayer auprès d'entreprises ou d'entités désireuses de compenser leurs émissions de CO2. Soit sous forme d'aides publiques pour lancer des programmes. La Norvège a déjà donné un milliard de dollars au Brésil.


Séduisant, mais vous êtes très sceptique. Pourquoi ?

Première objection : comment choisir la période de référence ? Si l'on prend le passé, les pays qui ont beaucoup déboisé et qui n'ont plus guère de forêts seront gagnants... sans rien faire. Inversement, on pénalise ceux qui ont besoin de se développer, comme la République démocratique du Congo, par exemple. Deuxièmement, on surestime les capacités de l'action publique. En particulier quand les états sont corrompus ou défaillants. De plus, la déforestation échappe souvent à la responsabilité des états. Finalement, REDD se révèle très complexe et son efficacité n'est pas garantie. Le risque est de créer de la « fausse monnaie climatique ».


Que proposez-vous alors ?

Au lieu de récompenser, investir. Particulièrement dans la transformation de l'agriculture paysanne pour améliorer ses performances, mais de manière écologique. On a l'opportunité de coupler deux agendas : celui de la sécurité alimentaire et celui de la réduction de la déforestation.
(François VERCELLETTO)

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